Normandie

Le sport, formidable outil d’insertion sociale

Le sport, formidable outil d’insertion sociale

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Image : Agathe Roger / Journaliste : Apolline Tarbé

Publié le 9 octobre 2023 à 09h00 - Durée : 6mn

Depuis trois ans, le centre socio-culturel de Hauteville (Lisieux) fait appel à l’Ufolep du Calvados (14) pour animer des séances sportives adaptées. Tous les lundis matin, Chloé, animatrice sportive, retrouve un groupe d’habitants du quartier pour leur proposer des exercices physiques personnalisés selon la situation de chacun. Un programme appelé “À mon Rythme” ouvert à tous, qui peut remettre le pied à l’étrier à certaines personnes en situation de précarité, d’isolement ou en difficulté physique. Reportage.

Le groupe À Mon Rythme en randonnée

Vendredi 22 septembre, 20h. Une vingtaine de personnes dépose ses valises pour le weekend au centre de vacances de Saint-Germain-sur-Ay (Manche). Leur point commun : elles participent toutes aux séances sportives “À mon Rythme” proposées chaque semaine par l’Ufolep au centre socio-culturel de Hauteville (Lisieux).

Une escapade qui fait du bien

Le programme du weekend est actif et convivial. Le samedi matin, les Lexoviens n’ont qu’à traverser la rue pour arriver sur la belle plage de Saint-Germain-sur-Ay, où Chloé anime un réveil sportif d’une petite demi-heure. Étirements, talons-fesses, levées de genoux… Les exercices dégourdissent les participants pour la balade qui les attend. Car à quelques kilomètres de là, une ostréicultrice a accepté d’accueillir le groupe pour faire visiter son local et parler de son métier. En coupant à travers les dunes, il y en a pour moins d’une heure. La vue en vaut l’effort, et la visite aussi : les intéressés en apprennent sur la naissance de l’ostréiculture dans la région, le fonctionnement des machines… ils ont même la chance de déguster des huîtres fraîches - une première pour certains d’entre eux.

Réveil sportif sur la plage

Visite du local d'ostréiculture

L’après-midi est rythmé par une course d’orientation dans les alentours du centre de vacances. En petits groupes, les participants doivent trouver les lieux listés par Chloé et y prendre une photo insolite. La journée n’est toujours pas finie : alors que les groupes sont en vadrouille, Chloé installe un stand de tir à l’arc dans le jardin, pour faire découvrir cette pratique à tout le monde en fin d’après-midi.

Rallye photo

Rallye photo

Pour tous les participants, ce weekend proposé par le centre socio-culturel représente une escapade plus qu’appréciée. « Ça nous change les idées, ça nous sort de Lisieux », reconnaît Patricia, qui explique que le quotidien est parfois morose dans cette ville normande qui perd de sa vitalité : « en ce moment, c’est pas très joyeux. C’était plus animé il y a quelques années. Maintenant, c’est en démolition. Il y a moins de population. Nos jeunes dépriment… » Dans ce contexte, les activités et sorties du groupe À Mon Rythme sont salutaires. Elles permettent de s’extirper du quotidien, aussi bien physiquement que psychologiquement. « C’est le centre socio-culturel de la CAF qui nous redonne la vie », confesse celle qui est une usagère régulière du lieu. « Heureusement qu’il y a encore ça ».

"C’est le centre socio-culturel de la CAF qui nous redonne la vie"

Bien-être et confiance

Pour une structure de proximité comme le centre socio-culturel de Hauteville, implanté en plein quartier prioritaire de la politique de la ville, les activités sportives sont essentielles car elles permettent d’améliorer le bien-être physique et l’estime de soi des habitants. À cet égard, le dispositif À Mon Rythme est particulièrement positif. « C’est de la remise en forme physique, pour qu’ils puissent avoir un maintien sportif comme ils le veulent » explique Chloé. « Au début, on propose principalement du renforcement musculaire parce que c’est le plus simple à proposer à tous, et le plus adaptable. À la fois on est tous ensemble, mais c’est aussi adapté à chacun ». Un format idéal pour des personnes éloignées de la pratique physique, conclut-elle : « ça permet que tout le monde se retrouve, et que personne ne soit complètement perdu ».

Faire apprécier le sport à des personnes qui en sont éloignées peut nécessiter une grande délicatesse. Didier, agent de développement social au centre socio-culturel, est particulièrement attentif à tout ce qui pourrait décourager les participants. « Notre boulot est là : lever le maximum de freins », affirme-t-il, en illustrant : « franchir le pas et s’autoriser à rentrer dans un endroit comme un gymnase, c’est pas facile ». L’équipe prend donc les mesures nécessaires pour désamorcer les obstacles potentiels : « par exemple, on ne demande pas de certificat médical pour participer aux activités sportives ». Les encadrants font tout leur possible pour rendre accessible des activités qui peuvent être intimidantes. Ainsi, le renforcement musculaire du lundi matin est simplement appelé « À mon Rythme », tandis que les « jeudynamics » désignent les séances collectives du jeudi : balle au prisonnier, badminton, basket… « On essaie de faire en sorte que ce soit très diversifié, que les sports ne rappellent pas forcément des souvenirs d’école pas bien vécus », poursuit Didier. Au cours de l’année, les participants ont ainsi découvert la carabine laser, la sarbacane, le tir à l’arc… « Des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de pratiquer. Ça leur permet de découvrir d’autres sports et de voir qu’on peut mixer les choses », résume Chloé.

Chloé animant le réveil sportif

Chloé installant le stand de tir à l’arc

Grâce à cet accompagnement méticuleux et personnalisé, bon nombre d’usagers du centre socio-culturel ont amélioré leur condition physique et repris confiance en eux. « J’ai remarqué que ça redonne confiance en soi et l’envie d’aller vers les autres » témoigne l'une des fidèles des séances À mon Rythme et des jeudinamiques.

"J’ai remarqué que ça redonne confiance en soi et l’envie d’aller vers les autres"

Souffrant de plusieurs problèmes de santé, elle a noté une nette amélioration de son état grâce à la reprise de l’activité physique : « il y a deux ans, je n’aurais pas pu faire cette randonnée », observe-t-elle en rentrant de la visite vers le centre. « Faire du sport régulièrement, ça aide. Même moralement, ça change tout ».

Via le sport, une amélioration dans tous les champs

Les témoignages récoltés au cours du weekend vont tous dans le même sens : le sport remet en forme, physiquement comme mentalement. Mais les équipes de l’Ufolep centre socio-culturel sont convaincues qu’il peut jouer un rôle encore plus grand. Déjà, le fait de se retrouver régulièrement en groupe resserre les liens sociaux des participants. Certains sont devenus amis, d’autres ont étoffé leurs relations de voisinage… Au sein du groupe se développent des relations de bienveillance et de solidarité. Grâce à cette confiance mutuelle instaurée, Chloé peut aborder et travailler des sujets de la vie quotidienne avec les participants. « On a des temps de parole après chaque séance, sur des sujets variés », raconte-t-elle. « C’est eux qui proposent les sujets, et on prépare les séances en fonction ». Cette année, le groupe a notamment parlé d’alimentation ou de politique. Ces conversations ouvertes permettent aussi de maintenir un lien jusqu’à la séance suivante, grâce à un groupe Facebook assez animé. « On se lançait des défis », précise Chloé. « Par exemple : cette semaine, on essaie de boire 1,5L d’eau par jour. Tous les jours, les gens envoyaient des photos de leur bouteille finie. Sur l’alimentation, je leur avais proposé de manger au moins deux fois un fruit ou un légume de saison dans la semaine. Je leur avais fait un calendrier ». Des sujets qui résonnent avec les thématiques traitées par le centre socio-culturel par ailleurs, relate Didier : « on propose aussi des ateliers cuisine autour de l’alimentation. Donc ça nous permet d’avoir une réponse complète ».

Jeanne et sa fille

Bastien et Arnaud

Un séjour comme celui organisé à Saint-Germain-sur-Ay permet justement d’accompagner les usagers du centre socio-culturel de façon transversale et complète. « C’est le trait d’union entre les quatre grosses thématiques du centre : le sport-santé-bien-être, la remobilisation, la parentalité, et le départ en vacances des familles », note Didier. Grâce à ces moments, plusieurs habitants ont franchi des caps significatifs vers leur autonomie. « Je commence à prendre le train pour aller à Caen, je peux faire du camping toute seule avec ma fille », témoigne Véronique ; tandis que Michel et sa famille sont retournés en vacances dans le centre découvert lors d’un séjour À Mon Rythme, l’année précédente. « Tout ça est lié », se réjouit Didier. C’est bien là que résident la force et la beauté du sport : il rayonne sur tous les champs de la vie.

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Image : Agathe Roger / Journaliste : Apolline Tarbé

Publié le 9 octobre 2023 à 09h00 - Durée : 6mn

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  • Les participants et encadrants du weekend organise à Saint-Germain-sur-Ay

Entrer en contact :

  • Ufolep 14 : nicolas.plet@laliguenormandie.org
  • Centre socio-culturel les 7 lieux : didier.rioult@caf14.caf.fr

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