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À l’école Chateauboeuf B de Fort-de-France, l’USEP participe à la dynamique scolaire

À l’école Chateauboeuf B de Fort-de-France, l’USEP participe à la dynamique scolaire

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Image : Florian Guillaume / Journaliste : Coralie Custos-Quatreville

Publié le 2 février 2023 à 12h14 - Durée : 4mn

À l’école Chateauboeuf B, au sein du réseau d'éducation prioritaire de Fort-de-France (Martinique), la vie scolaire est rythmée par les événements organisés par l'USEP. Équipe pédagogique, parents d'élèves, écoliers... Toutes et tous participent et profitent de cette nouvelle dynamique insufflée par l'association. Récit d'une après-midi sportive et ludique dans la cour d'école. 

L'animateur explique les règles du scrabble géant aux écoliers

Jeudi 15 décembre, il est 14h et deux équipes de CM2 s’apprêtent à débuter leur scrabble géant. Dans la cour d’école, deux animateurs de l’USEP, facilement reconnaissables avec leurs tee-shirts jaunes, sifflent le début de la partie et les élèves se mettent en rang. Sur la ligne d’arrivée, “SOLEIL” crie l’un des jeunes. “SOLIDAIRE” s’exclame un deuxième. Vingt points pour la première équipe. Trente pour la deuxième. Et ainsi de suite jusqu’à 15h. 

Ce n’est pas tous les jours qu’une équipe de journalistes se rend à l’école élémentaire de Chateauboeuf B à Fort-de-France en Martinique. Il faut dire que l’établissement situé en quartier prioritaire de la ville n’a pas toujours, comme beaucoup d’autres, attiré les projecteurs. Pourtant, derrière les murs colorés que l’on aperçoit derrière les grilles, 193 élèves du CP au CM2 et une équipe pédagogique sont à pied d'œuvre pour faire, littéralement, bouger les lignes. Sur les hauteurs de l’île, au 24 avenue des Arawaks, en plein cœur de la commune, c’est la directrice Catherine Ozier-Lafontaine qui nous reçoit. Elle est accompagnée par Géraldine François, présidente de l’USEP Chateauboeuf B ainsi que de Laetitia Lantal, présidente des parents d’élèves. 

Répondre aux besoins criants d’activités 

À la première question “pourquoi avoir rejoint le réseau de l’USEP ?”, la réponse est sans appel : “nous nous devions de faire bouger les élèves” explique Géraldine François. “Proposer des activités régulières et en plein air était indispensable pour recréer une vraie dynamique entre les élèves. Organiser des temps forts autour des enseignements était devenu essentiel”. 

À l’origine de cette initiative aux côtés de Catherine Ozier-Lafontaine, Géraldine François insiste : “il ne s’agit pas simplement de faire courir les jeunes dans une cour de récréation, mais bien de réfléchir aux raisons pour lesquelles nous les faisons bouger.” La directrice de l’école élémentaire abonde : “l’absence d’activités scolaires n’était pas seulement une insuffisance pour les élèves, c’était aussi un manque à gagner pour le corps enseignant et pour les parents d’élèves. Aujourd’hui, grâce à l’association, nous avons toutes les semaines des projets ludiques et sportifs proposés aux enfants. Ils jouent, ils dansent, ils s'amusent et s’entraînent aux côtés des animateurs qui s’en donnent à coeur joie. Grâce à eux, ils apprennent aussi à se connaître et à se reconnaître. Nous avons mis en place un calendrier d’actions. Nous cherchons avant tout à développer le vivre-ensemble.”

"Grâce à l'USEP, nous avons toutes les semaines des projets ludiques et sportifs proposés aux enfants"

Donner un sens aux apprentissages

Développer la vie associative par le biais de l’USEP, c’est engager une nouvelle dynamique concrète au cœur de l’établissement. Pour la directrice de l’école élémentaire, l’enjeu, dès le début, a été de mettre sur pied de nouveaux outils pédagogiques sur lesquels les jeunes puissent s’appuyer pour grandir, gagner en maturité. 

“Je me rappelle qu'une classe de CM1 a souhaité apprendre à faire des cookies", raconte-t-elle. "Normalement, le projet aurait dû s’arrêter là. Ce ne fut pas le cas. Cette fois-ci, nous avons cherché à pousser plus loin leur initiative. Leur enseignant leur a demandé de dessiner un logo, de trouver un slogan, d’organiser un calendrier de ventes, de prévoir des recettes possibles. Dans tout ce travail, ils ont fait des mathématiques, du français, du dessin et surtout, ils ont appris à coopérer. Nous avons été face à des élèves acteurs, c’est ce que nous recherchons”.

"Nous avons été face à des élèves acteurs, c’est ce que nous recherchons.”

Pour Laetitia Lantar, présidente des parents d’élèves, le constat est similaire. “En tant que parents, on mesure les bienfaits de chacun des projets organisés. On voit vraiment les effets de ricochets des projets les uns à la suite des autres. Et nous nous sommes vraiment rendu compte que depuis plusieurs mois, les enfants sont plus engagés dans leurs travaux scolaires et plus épanouis au quotidien.” 

Parler des différences pour en faire des forces 

En plus des activités sportives, l’USEP Chateauboeuf a organisé en septembre plusieurs événements en 2022. Une banque alimentaire d’abord. Puis, un événement autour d’Octobre Rose. En fin d’année, ce fut même un temps dédié à la Langue des Signes. Les effets bénéfiques sont multiples, témoigne la directrice : “nous avions réellement besoin de faire vivre la communauté scolaire. Vous savez, ici, nous recevons des élèves issus de tous les milieux sociaux de l’île et nous avons même des enfants d’îles proches en famille d’accueil. Faire vivre les différences, promouvoir la diversité des profils est pour nous absolument vital.”

Pour Laëticia Lantal, présidente des parents d’élèves, l’engouement autour de ces projets d’inclusion a été réel dès le début. “Toutes les actions que nous avons proposées ont été soutenues et suivies. Le marché de l’école que nous avons organisé a permis à des parents d’échanger, de se rencontrer, de se donner rendez-vous dans d’autres contextes. C’est très encourageant ! Nous avons découvert des talents chez certains élèves que nous ne soupçonnions même pas !” 

"Faire vivre les différences, promouvoir la diversité des profils est absolument vital".

Pour Catherine Ozier-Lafontaine, les enfants à besoin particuliers ont une importance toute spéciale dans le projet de l'école. "C'est mon cheval de bataille", affirme-t-elle. "Je souhaite redonner de l’espoir aux parents et aux enfants, aussi. Et pour ce faire, nous allons utiliser le café des parents, via l’association, et pouvoir inviter des parents dont les enfants, passés par notre école, ont réussi. À termes, le but serait aussi de faire intervenir des chefs d’entreprise qui ont eu des débuts de parcours quelquefois difficiles, et qui, malgré cela et à force d’efforts, ont réussi à surmonter ces difficultés. Je pense notamment à quelqu’un qui a souffert de dyslexie et qui viendra prochainement, je l’espère, témoigner devant les élèves”.

Et pour la suite ?  “Nous voulons rendre les élèves encore plus autonomes” explique Géraldine François. “En faire des citoyens martiniquais conscients des enjeux de notre île.” Laetitia Lantar corrobore : “les nouveaux projets ont permis d’ajouter un véritable lyannaj (mot créole signifiant partenariat solide) entre les enseignants, les parents et les enfants. Nous allons continuer en ce sens en 2023.” Notamment par le biais de la labellisation “Génération 2024”, un dispositif avec lequel l’école prévoit d’engager les élèves à profiter pleinement des échos des jeux olympiques à venir.

“Notre souhait est également de proposer d’autres activités aux écoles environnantes, pour développer les partenariats ludiques entre les écoles. Cela nous permettra de rayonner sur le plan local, mais aussi national.” Catherine Ozier-Lafontaine devant la fresque d’Aimé Césaire, d’Euzhan Palcy et bien d’autres figures martiniquaises aura le mot de la fin avant de nous laisser partir. “Aujourd’hui, il faut juste garder de l’espoir et avancer. Ce que je souhaite pour mes élèves, c’est l’excellence. Ce n'est pas parce qu’on est en REP qu’on ne peut pas rêver d’excellence et par le travail, devenir excellents.”

Les enquêtes de la Ligue

Les enquêtes de la Ligue

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Image : Florian Guillaume / Journaliste : Coralie Custos-Quatreville

Publié le 2 février 2023 à 12h14 - Durée : 4mn

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  • Catherine Ozier-Lafontaine, directrice de l'école Chateauboeuf B
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